Portrait du mois : Elizabet Petkovski, expert judiciaire en génétique criminalistique, a fait de sa passion son métier

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Publié le 08/02/2023, par Maëlle Pinto

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Après la rencontre de l’inspirante Hasna Rahma, Software Development Engineer le mois dernier, nous vous proposons de vous mettre dans la peau d’une experte judiciaire en médecine légale au Laboratoire National de Santé (LNS). Eh oui, vous l’aurez compris, ce mois-ci nous parlons criminalistique, analyse d’ADN, enquêtes et procès.


Vous ne le savez peut-être pas, mais le domaine du médico-légal est très développé au Luxembourg. Alors entre ce que l’on voit dans les séries télévisées types CSI (Crime Scene Investigation) et la réalité, comment réussir à déceler le vrai dans la fiction ? C’est ce que nous allons découvrir ensemble dans cet article grâce à notre profil du mois, Elizabet Petkovski.

« Notre métier n’est pas de soigner, mais d’une certaine manière, nous contribuons au bien-être des gens en diminuant l’anxiété et le sentiment d’insécurité. » - Dr. Sc. Elizabet Petkovski, Expert Judiciaire en identification génétique criminalistique au LNS


Un début de parcours marqué par une opportunité irrefusable


Lorsqu’Elizabet commença son parcours post baccalauréat en France, les études supérieures en criminologie n’existaient pas encore. Elle a donc suivi un chemin plutôt standard et pluridisciplinaire pour ensuite se spécialiser. Titulaire d’un DEUG en biologie moléculaire puis d’un diplôme d’ingénieur en biotechnologies et d’un DEA Biologie Moléculaire et Cellulaire, elle choisit de poursuivre par un doctorat en aspects moléculaires et cellulaires de la Biologie à l’institut de médecine légale de Strasbourg. Elle a ensuite débuté au Laboratoire Codgene en tant que stagiaire avant d’être embauchée et de devenir expert judiciaire agréé.


Quelques années plus tard, en 2011, le Luxembourg ouvrira son propre Laboratoire National de Santé sous la tutelle du Ministère de la Santé. Dans le cadre de ce projet, le LNS fera appel à Elizabet en tant que consultante. Une fois ce projet concrétisé, l’experte judiciaire se verra proposer un poste de direction du service d’identification génétique au LNS. Elle décida donc de « migrer de 200km » vers le Grand-Duché et elle y travaille depuis ce jour.


Une double casquette au sein du laboratoire


Le Laboratoire National de Santé est composé de 7 grands départements pluridisciplinaires comprenant entre autres la Biologie Médicale, la Microbiologie ou encore la Médecine Légale. Au service d’identification génétique, chaque collaborateur exerce, en plus de son métier principal, une fonction plus administrative. Ainsi, Elizabet y porte cette « double casquette » d’expert judiciaire en identification génétique criminalistique et de Chef du service.


Ce dernier se compose actuellement de 15 collaborateurs :

  • Des techniciens de laboratoire qui « techniquent », c’est-à-dire analysent des preuves ADN ;
  • Des experts judiciaires qui décident d’une stratégie analytique à adopter, interprètent les résultats, rédigent des rapports d’expertise et comparaissent lors de procès au tribunal ;
  • Des ingénieurs qui s’assurent du bon fonctionnement du laboratoire et de la qualité des résultats ;
  • D’un service de secrétariat qui réceptionne les preuves pour les enregistrer sous forme de dossier.


Un rôle dans la manifestation de la vérité


Maintenant que vous êtes incollables sur le laboratoire et chaque profil impliqué, nous allons découvrir le déroulement d’une enquête. À quel moment fait-on appel « au labo ADN » ? Quels sont les rôles de chaque membre du service dans ce processus d’enquête ? Restez avec nous car nous entrons dans le vif du sujet. Pas de panique tout de même ! Nous restons « soft » dans cet article.


Tout d’abord, il faut savoir que la médecine légale peut intervenir sur des cas allant de la tentative de cambriolage jusqu’au meurtre et viol.


Mise en situation d’une enquête : Un crime vient d’être commis, les policiers vont sur le lieu de fait. Ils saisissent des traces et/ou objets qui pourraient être pertinents à l’enquête et contenir des traces. Tout cela est directement transmis à la médecine légale qui, après enregistrement des preuves par le service de secrétariat, va les faire analyser par ses experts qui les remettront dans le contexte où elles ont été saisies pour pouvoir déterminer leur pertinence pour l’enquête. Les experts vont ensuite déterminer les prélèvements à réaliser et les transmettre aux techniciens qui vont « techniquer » ces prélèvements. Une fois les résultats des analyses validés par le contrôle qualité, ces derniers seront alors interprétés et recontextualisés par les experts avant d’être transmis au magistrat. Enfin, et de manière régulière, les experts sont amenés à se présenter à la barre pour expliquer leurs résultats. Ainsi, vous comprenez que la médecine légale est en étroite collaboration avec la police et la justice et fait partie intégrante de l’enquête.


Pour mieux vous illustrer ce travail minutieux et rigoureux, nous vous partageons une vidéo du LNS ici.

« Notre rôle est d’aider à la manifestation de la vérité au niveau de la justice. »


De la fiction à la réalité


Parlons maintenant séries CSI, vous en connaissez tous et on n’en cite plus. Ces divertissements sont devenus des incontournables de nos soirées télévision, qu’on les apprécie ou non. Mais alors, quel est l’avis d’un expert sur ces séries qui traitent de son quotidien ?

« C’est moins sexy en réalité. Ça reste la télé. »


Elizabet nous fait d’abord part de la belle publicité que ces séries font à leurs métiers. En effet, de plus en plus de personnes souhaitent se lancer dans la criminalistique depuis la diffusion de ce type de divertissement. Mais d’un autre côté, ces séries permettent aussi aux malfaiteurs d’apprendre à ne pas laisser de traces.


Ensuite, notre expert tient à rétablir la vérité sur certains points :

  • Dans les séries, on a l’impression que 25 personnes travaillent sur un cas, alors qu’en réalité, c’est plutôt une personne qui travaille sur 25 cas en parallèle.
  • Dans les séries, un cas dure 25 minutes, alors qu’en réalité, cela est résultat de plus d’une semaine de travail acharné.
  • Dans les séries, les protagonistes passent nuit et jour sur un seul cas, alors qu’en réalité, « nous sommes humains, nous dormons parfois ».
  • Dans les séries, on se doit d’être sexy et de choquer pour captiver le spectateur, mais en réalité, tous les cas ne sont pas extraordinaires.


Malgré cela, Elizabet aime en regarder certaines et parfois, d’autres l’amusent voire la choquent. C’est pourquoi elle aimerait rappeler à tous les spectateurs ou profils souhaitant travailler dans la criminalistique que « l’écran protège de la réalité ». En effet, il faut tout de même être préparé à travailler sur un « aspect moche de l’humanité ». Pour cela, il ne suffit pas d’être « Madame Irma », mais il faut suivre des études poussées qui ne sont pas forcément faciles. Enfin, lorsqu’on se lance dans ce domaine, on se doit d’être flexible et disponible. En effet, Elizabet nous fait part de son planning chargé et imprévisible :

« Il n’y a pas de journée type, on sait quand ça commence mais pas quand ça finit. »


Un impact émotionnel difficile à gérer sans une équipe soudée


Vous l’aurez compris, il ne s’agit pas d’un secteur des plus ordinaires. Il faut être préparé à faire face à des situations choquantes. Elizabet conseille donc d’être toujours prêt à s’entraider au sein de son équipe, de créer un environnement dans lequel on se sent en confiance, et surtout d’exorciser au travail pour ne pas ramener ce bagage émotionnel chez soi. La communication et l’absence de tabou sont essentiels. En effet, au sein d’une même équipe, on vit les mêmes situations, on se comprend plus facilement qu’un conjoint ou ami, par exemple, qui eux ne sont pas forcément préparés à tout entendre.


Malgré tout, il reste très important de rester objectif et impartial. Il faut essayer d’être le moins impacté émotionnellement et garder en tête qu’il s’agit « de sujets scientifiques d’étude ».

« Si on ne prend pas de distance, si on prend tout à cœur, on ne fait plus rien dans la vie. On empêcherait nos enfants de sortir. »


Une passion qui s’est transformée en réelle vocation

« J’ai fait de ma passion mon métier. »


Lors de ses études d’ingénieur, Elizabet avait assisté à une présentation d’un professeur sur l’identification criminalistique et « en une demi-seconde » elle a su qu’elle allait en faire son métier.

« J’adore mon job, mais il y a forcément des hauts et des bas. Certains dossiers sont passionnants, lorsque l’on peut mettre à disposition son savoir et son expertise. D’autres dossiers en revanche seront traités avec un peu moins d’enthousiasme mais cela fait partie du métier. »


En effet, Elizabet aime son job ! #SheLovesHerJob


Ce qu’elle aime le plus ? Participer à la manifestation de la vérité en réparant des injustices. Certes parfois, il s’agit d’incriminer des personnes mais, il s’agit aussi d’en disculper lorsqu’elles sont accusées à tort et de les « libérer par l’ADN ». 


En outre, son métier lui semble important pour la société. Même si pour elle, il n’existe pas de métiers inutiles ou de sous-métiers. Cela dépend de comment on l’exerce.


Un secteur à la recherche de nouveaux talents

« Le secteur attire pour les raisons de la CSI, mais est ce que les talents sont les bons ? On ne sait pas. »


Elizabet a participé au recrutement de tous ses collaborateurs et elle en est très fière : « ils sont très compétents niveau hard skills ET soft skills ». Elle dit avoir « de jolis talents » dans son équipe, mais le LNS recrute régulièrement et notamment dans le département de médecine légale.



Un dernier message à faire passer

« Le Luxembourg n’est pas uniquement un Etat tel qu’on aimerait bien le cataloguer. Certes c’est un petit pays mais tous les métiers y sont représentés. Nous travaillons avec des collaborateurs de qualité et sommes toujours en recherche de nouveaux profils, que ce soit dans les sciences, la recherche ou même la production. »


Cet article vous a donné envie de vous lancer dans ce secteur ? Retrouvez toutes les offres d’emploi à pourvoir au LNS sur Moovijob.com.



Vous aimeriez faire découvrir votre métier en étant le prochain portrait du mois ? Contactez-nous pour plus d’informations.

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